Il rêvait de se faire connaître par ses dribbles et ses tirs en pleine lucarne. Mais c'est par un autre genre d'exploit que le joueur de football palestinien Mahmoud Sarsak a capturé l'attention du public. En juillet 2012, au prix d'une grève de la faim de quatre-vingt-dix jours, le milieu-de-terrain, qui était emprisonné en Israël depuis trois ans sans procès, a arraché sa liberté à ses geôliers. De peur qu'il ne vienne à décéder derrière les barreaux et sous la pression d'une campagne de protestation internationale, à laquelle la Fédération internationale de football (FIFA) et l'Union des associations européennes de football (UEFA) avaient fini par se rallier, l'Etat juif s'était résolu à le renvoyer dans la bande de Gaza.
Aujourd'hui âgé de 26 ans, Mahmoud Sarsak n'ose plus vraiment rêver de ballon rond. Ses trois mois de diète, qui lui ont fait perdre la bagatelle de 36 kg, et les mauvais traitements endurés en prison, qu'il qualifie de "torture", ont laissé des séquelles. Bien que traité pendant sept mois d'affilée dans des cliniques au Qatar puis en Tunisie, le jeune homme n'a pas retrouvé le tonus, qui, associé à son agilité balle au pied, avait fait de lui l'un des espoirs du football palestinien. "Mon premier match après ma libération date d'il y a un mois, explique-t-il, dans un café de Paris, où il est venu plaider la cause du sport palestinien. Je n'ai pu jouer que la première mi-temps. J'étais épuisé, avec de terribles douleurs musculaires. C'était horrible."
Un autre obstacle à la relance de sa carrière est l'état désastreux des stades de football dans la bande de Gaza. Durant la mini-guerre du mois de novembre 2012, qui a fait une centaine de morts côté palestinien, de nombreuses infrastructures ont été bombardées par l'aviation israélienne. C'est le cas du stade Yarmouk, l'un des plus grands de Gaza, dont la pelouse a été éventrée, et du Shebab Falestin, un autre club, dont les locaux, qui hébergeaient le comité paralympique palestinien, ont été détruits. "La FIFA s'est engagée à réhabiliter ces terrains, mais pour l'instant, aucune aide ne nous est parvenue", soupire Mahmoud, en montrant des clichés des stades, avant et après l'offensive israélienne.
EN 2009, LE CLUB DE BALATA ENVISAGEAIT DE LE RECRUTER
D'abord membre de l'équipe nationale junior, puis de la formation olympique, le jeune Gazaoui a joué à deux reprises dans le onze palestinien, contre l'Irak et la Chine. C'était en 2006, avant que le Hamas ne s'empare du pouvoir dans la bande côtière et qu'Israël, en représailles, ne décide de la couper du reste du monde. Incapable, à partir de cette date, d'honorer ses sélections, le joueur pensait sa carrière nationale terminée. Mais en juillet 2009, un permis inespéré lui avait été délivré pour se rendre en Cisjordanie, où le club de Balata, l'un des meilleurs du championnat, envisageait de le recruter.
Etait-ce un piège des services de sécurité israéliens, qui le soupçonnaient alors d'appartenir au Djihad islamique, un groupe armé ? A son arrivée au terminal d'Erez, le point de passage entre Gaza et Israël, Mahmoud Sarsak avait été arrêté. Faute d'être en mesure d'étayer leurs allégations, les autorités israéliennes l'avaient placé en détention administrative. Une procédure d'exception, qui permet d'incarcérer un simple suspect, pour des périodes de trois mois renouvelables indéfiniment, sans avoir à prononcer de charges.
Libre aujourd'hui, Mahmoud Sarsak a décidé de mettre son énergie au service du sport palestinien. Dans l'incapacité de défendre les couleurs de son pays sur une pelouse, il se bat pour celui-ci dans les médias et sur le terrain. Après Paris, il était attendu en Espagne et en Norvège, et il projette de se rendre à Londres en mai, à l'occasion du congrès de l'UEFA. Dans son collimateur et celui des organisations propalestiniennes qui l'accueillent : la coupe d'Europe de football des moins de 21 ans, qui doit se tenir au mois de juin en Israël. "Comment est-ce possible que l'UEFA ait attribué cette compétition à un pays qui bombarde les stades de son voisin ?, s'indigne MahmoudSarsak. Moi je suis sorti de prison, mais d'autres joueurs de l'équipe nationale y croupissent encore, comme Omar Abu Rweis et Mohamed Nimr." Malgré un planning chargé, l'apprenti militant s'efforce d'entretenir sa passion originelle : mardi 2 avril, il a suivi le choc PSG-Barcelone depuis les tribunes du Parc des Princes.
Par Benjamin Barthe
Source: http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2013/04/05/mahmoud-sarsak-defend-la-cause-du-football-palestinien_3154945_3218.html
Un autre obstacle à la relance de sa carrière est l'état désastreux des stades de football dans la bande de Gaza. Durant la mini-guerre du mois de novembre 2012, qui a fait une centaine de morts côté palestinien, de nombreuses infrastructures ont été bombardées par l'aviation israélienne. C'est le cas du stade Yarmouk, l'un des plus grands de Gaza, dont la pelouse a été éventrée, et du Shebab Falestin, un autre club, dont les locaux, qui hébergeaient le comité paralympique palestinien, ont été détruits. "La FIFA s'est engagée à réhabiliter ces terrains, mais pour l'instant, aucune aide ne nous est parvenue", soupire Mahmoud, en montrant des clichés des stades, avant et après l'offensive israélienne.
EN 2009, LE CLUB DE BALATA ENVISAGEAIT DE LE RECRUTER
D'abord membre de l'équipe nationale junior, puis de la formation olympique, le jeune Gazaoui a joué à deux reprises dans le onze palestinien, contre l'Irak et la Chine. C'était en 2006, avant que le Hamas ne s'empare du pouvoir dans la bande côtière et qu'Israël, en représailles, ne décide de la couper du reste du monde. Incapable, à partir de cette date, d'honorer ses sélections, le joueur pensait sa carrière nationale terminée. Mais en juillet 2009, un permis inespéré lui avait été délivré pour se rendre en Cisjordanie, où le club de Balata, l'un des meilleurs du championnat, envisageait de le recruter.
Etait-ce un piège des services de sécurité israéliens, qui le soupçonnaient alors d'appartenir au Djihad islamique, un groupe armé ? A son arrivée au terminal d'Erez, le point de passage entre Gaza et Israël, Mahmoud Sarsak avait été arrêté. Faute d'être en mesure d'étayer leurs allégations, les autorités israéliennes l'avaient placé en détention administrative. Une procédure d'exception, qui permet d'incarcérer un simple suspect, pour des périodes de trois mois renouvelables indéfiniment, sans avoir à prononcer de charges.
Libre aujourd'hui, Mahmoud Sarsak a décidé de mettre son énergie au service du sport palestinien. Dans l'incapacité de défendre les couleurs de son pays sur une pelouse, il se bat pour celui-ci dans les médias et sur le terrain. Après Paris, il était attendu en Espagne et en Norvège, et il projette de se rendre à Londres en mai, à l'occasion du congrès de l'UEFA. Dans son collimateur et celui des organisations propalestiniennes qui l'accueillent : la coupe d'Europe de football des moins de 21 ans, qui doit se tenir au mois de juin en Israël. "Comment est-ce possible que l'UEFA ait attribué cette compétition à un pays qui bombarde les stades de son voisin ?, s'indigne MahmoudSarsak. Moi je suis sorti de prison, mais d'autres joueurs de l'équipe nationale y croupissent encore, comme Omar Abu Rweis et Mohamed Nimr." Malgré un planning chargé, l'apprenti militant s'efforce d'entretenir sa passion originelle : mardi 2 avril, il a suivi le choc PSG-Barcelone depuis les tribunes du Parc des Princes.
Par Benjamin Barthe
Source: http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2013/04/05/mahmoud-sarsak-defend-la-cause-du-football-palestinien_3154945_3218.html